Portrait d’un habitant de Fresnes L’éguillon
Interview de AH et PH, Photographies de PH et archive
« Monsieur Michel LUSTRISSY »
Michel LUSTRISSY devant le Moulin – 1936
L’Aiguillon : Depuis combien temps êtes vous à Fresnes L’éguillon ?Michel Lustrissy : J’habite à Fresnes L’éguillon depuis 74 ans. Je suis né en Savoie Italienne, le 8 février 1921. Mes parents qui travaillaient dans l’élevage, avaient trouvé une affaire à Joinville-le-Pont. Mais ils ont été victime d’une défection. Ils se sont alors installés à Beauvais puis comme ils y travaillaient, ils sont venus s’installer à Fresnes L’éguillon. J’avais 11 ans.
Nous avons d’abord été locataires au moulin pendant 17 ans.
Ensuite nous nous sommes installés à la Gare.
Le train y passait encore jusqu’en 1934 et assurait la ligne Méru - La bosse en passant par Senots–Fresneaux-Le Mesnil Théribus-Jouy sous Thelle-La bosse.
Je me souviens qu’une tourterelle se mettait à chanter dés que le train passait.
J’ai travaillé chez Diona pendant la guerre, c’était une usine d’obus.
J’ai passé toute mon enfance à Fresnes L’éguillon, j’y ai fait ma première communion, je me suis marié à Fresnes L’éguillon avec mon épouse qui habitait Liancourt.
Ma femme était gouvernante chez Monsieur Ernest Goret et moi, je travaillais à la ferme. Ensemble nous nous occupions de l’entretien de l’église.
L’Aiguillon : Comment se passait la vie à Fresnes L’éguillon ?Michel Lustrissy : Moi je faisais beaucoup de vélo, j’ai même fait de la compétition avec le club de Méru et de Chaumont en Vexin.
Et puis il y avait un club de foot et c’était l’occasion de rencontres avec les villages alentours.
A l’époque, il y avait des grands troupeaux de vaches, les gens travaillaient dans les fermes et tout le monde se connaissait.
Pour la Saint Jean, un grand feu brulait sur la place du village.
La moisson se faisait à la main. C’était les gars de batterie qui venaient et les gars c’était des piliers de bistrot. Après la moisson on faisait la fête.
L’Aiguillon : Quels sont vos souvenirs des fêtes à Fresnes L’éguillon ?Michel Lustrissy : Pour la fête à Fresnes qui a toujours eu lieu le deuxième dimanche de mai, tout le monde venait, il n’y avait pas de télévision alors les gens sortaient plus facilement de chez eux.
Pour le 14 juillet, de nombreux jeux étaient organisés : course en sac, course à pied.
L’Aiguillon : Qu’est-ce qui vous plait à Fresnes L’éguillon ?Michel Lustrissy : Il y a encore un restaurant et si on est pris de cours, au moins ils peuvent nous dépanner. Mais on manque de contact.
A l’époque, il y avait plus de commerces : la boucherie, une épicerie et un café/bureau de tabac et un bistrot. Pendant un temps, il y a même eu un troisième café en face de l’usine. Et puis 2 ou 3 boulangers passaient de Fresneaux, Ivry, Saint Crépin.
Aujourd’hui je suis plus souvent à Chaumont qu’à Fresnes.
L’Aiguillon : Une anecdote ?Michel Lustrissy : Pendant la guerre, un avion français est tombé sur Fresnes-L’éguillon. Tout le monde a eu peur de le recevoir sur la tête. On a cru qu’il allait s’écraser sur le moulin. Finalement il est tombé dans le virage route nationale et en plusieurs morceaux : la queue près de la Halte d’Heulecourt, le moteur dans les jardins du Docteur Sylvestre et le pilote à Marquemont près de la ferme du Breuil mais son parachute a pris feu et il est mort.
Mon frère en rêve encore aujourd’hui.
Pendant la guerre, un obus est tombé dans la rue de la mairie et on peut voir encore beaucoup d’éclats d’obus sur les murs des maisons.
L’Aiguillon : Qu’est-ce que vous aimeriez qui change ?Michel Lustrissy : Si les gens sortaient davantage, on pourrait échanger. Mais il est regrettable qu’il y ait si souvent des changements de propriétaires
On pourrait organiser des petites randonnées même si beaucoup de chemins ont disparus.
L’Aiguillon : Qu’est ce que vous pensez du Journal « L’aiguillon » ?Michel Lustrissy : C’est bien, au moins, on est informé.
Michel LUSTRISSY devant le Moulin - 2007