Cyril.Woirin posteur pro
Nombre de messages : 172 Age : 59 village : FRESNES L'EGUILLON Date d'inscription : 25/04/2007
| Sujet: M.Delarue ancien cressiculteur Dim 4 Nov - 21:09 | |
| Portrait d’un habitant de Fresnes L’éguillon « Monsieur DELARUE» Interview de Monsieur Delarue en Octobre 2007 par Agnès Hess, Aurore Piquet, Valérie Woirin
Monsieur Delarue sur la droite son papa sur la planche.
L’AIGUILLON : Depuis combien de temps habitez vous Fresnes l’Eguillon ?
Monsieur DELARUE : Je suis né à Senots le 23 février 1913 (ndlr : ce qui en fait le doyen de Fresnes) et je suis arrivé à Fresnes en 1924 à l’âge de 10 ans. J’ai quitté l’école à onze ans et demi pour commencer à travailler comme ouvrier agricole à Magny en Vexin. Mon père était cressiculteur de souche. A 14 ans, mon père m’a fait revenir à Fresnes et m’a mis à travailler au cresson. Il ne voulait pas d’enfant ne faisant rien. C’est comme ça que je suis devenu cressiculteur à mon tour. En 1936,avec mon frère nous nous sommes mis à notre compte.
L’AIGUILLON : : Comment se déroulait la culture du cresson ?
Monsieur DELARUE : Le cresson est une plante aquatique qui se consomme en salade ou en soupe ! Les graines se plantent au mois de mai, ce sont de toutes petites graines rouges. Avant de les semer, il faut assécher les canaux pour que les graines ne soient pas éparpillées. Après 8 à 10 jours,le cresson prend deux feuilles, c’est à ce moment qu’on lui met un peu d’eau. Puis, plus il grandit, plus il faut lui mettre de l’eau. Au bout d’un mois, un mois et demi, on peut faire la première récolte. Ensuite, tous les deux mois, on a une nouvelle récolte jusqu’au mois de mars. La difficulté, c’est en hiver, il faut s’assurer que le cresson ne gèle pas. Il y a plusieurs type de cressons : du vert, du blond, du petites feuilles, du grandes feuilles. Nous, on faisait du gros vert car il se tient plus longtemps et c’est plus facile à trier.
On travaillait à genou sur une planche pour avoir les bras à l’aise et on mettait un sac sur les épaules, ça nous tenait chaud au dos. Pour protéger nos genoux, on avait des genouillères rembourrées de paille de seigle, c’était précieux comme une paire de chaussures et chacun avait la sienne.
Elles étaient fabriquées par le bourrelier M Levé qui se trouvait en face du tailleur de pierre, M. Bouchard. Et puis il fallait un bon couteau, le mieux c’était de se fabriquer un couteau avec une vieille pointe de faux . L’hiver, comme il y avait moins de travail, on avait d’autres occupations ! Je me souviens, mon père coupait le bouton de nacre et ma mère, avec le tour faisait les trous pour les boutons. Il y avait des femmes qui encartaient les boutons ; elles arrivaient à en faire jusqu’à 14 douzaines par jour. Ensuite, on les emmenait à Saint Crépin. Moi, l’hiver en soirée, je fendais l’osier. Pour lier les bottes, on préparait des brins d’osier. On coupait des brins d’osiers d’une vingtaine de centimètres ensuite, on fendait l’extrémité et on guidait avec le pouce pour le fendre à moitié. Pour qu’ils restent souples, on les mettait à sécher puis, on les remettait dans l’eau avant l’utilisation. Plus tard, pour des raisons d’hygiène, les brins d’osier ont été remplacés par des liens de plastique. Dans les années 60, il y avait 20 à 30 personnes qui travaillaient dans le cresson dans la région. C’était un métier mieux payé que la culture. Et la valeur d’un cressiculteur se mesurait à sa rapidité de coupe, il pouvait faire jusqu’à 200 bottes par jour. Le cresson était récupéré par des mandataires et vendu au Halles de Paris. Il y avait un camion qui faisait la tournée des cressonnières et qui partait plein tous les soirs. Ce qui a été la mort, c’était Rungis, ils laissaient le Cresson en plein soleil !! Alors, on a commencé à faire du porte à porte. Et puis il y a eu moins d’eau, moins de gens et puis, on n’a plus eu le droit de le faire dans l’eau des rivières, il fallait avoir des puits artésiens. Mon frère est décédé en 1996 et moi j’ai continué. Il y a trois, quatre ans, j’en faisais encore.
L’AIGUILLON : : Comment se passait la vie à Fresnes ?
Monsieur DELARUE : Il n’y avait pas de distractions. Et puis avec le cresson, je n’avais pas beaucoup de temps. Dans ce métier on ne connaissait pas les dimanches. …Un cinéma par an ... la fête du village le deuxième dimanche de mai … Alors on allait dans les villages alentours.
L’AIGUILLON : : Qu’est-ce qui vous plait à Fresnes ?
Monsieur DELARUE : J’habite la maison familiale,elle appartenait à mon arrière grand-mère. Je me plais bien ici.
L’AIGUILLON : Avez-vous une anecdote ?
Monsieur DELARUE : Un homme a été tué d’un coup de fusil dans une bagarre de bistrot un dimanche.
L’AIGUILLON : Que pensez-vous de notre journal L’aiguillon ?
Monsieur DELARUE : C’est les potins du village !!! C’est de cette façon que l’on a su qu’il y avait un couvreur à Fresnes. Bravo pour votre revue et continuez à la diffuser, c’est utile !
Dernière édition par le Dim 4 Nov - 22:05, édité 2 fois | |
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Cyril.Woirin posteur pro
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| Sujet: Re: M.Delarue ancien cressiculteur Dim 4 Nov - 22:03 | |
| Merci à M.Delarue et sa famille pour leur accueil ,leur gentillesse et cet interview très intéressant... | |
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